1. (Politique) En ce joli mois de mai 1968, de jeunes étudiants surexcités dressent des barricades et brûlent les voitures dans les rues de Paris puis de toutes les villes de France. Les causes de ce mouvement, diverses selon les sociologues, tournent autour de l'idée qu'une grande rigidité cloisonnait les relations humaines dans toute les cellules de la société. Les politiciens paniquent. Le grand timonier, Charles de Gaulle, parle de chienlit et disparaît pendant quelques heures à Baden-Baden semant la panique dans le microcosme parisien. La gauche déboussolée manifeste, en désespoir de cause, au stade Charléty. Le petit timonier, François Mitterrand, se déclare candidat à la présidence de la république déjà occupée. À gauche comme à droite, on n'avait rien compris aux jeunes.
2. (Social) Année révolutionnaire française hantée par les soixante-huitards. Ils étaient des cents et des milles en mai, dans les amphis, sur les barricades, dans les usines, les rues, partout. On parlait de tout, même avec son voisin dont on découvrait l'existence. L'imagination voulut prendre le pouvoir (on ne parlait pas encore d'innovation et de créativité). Beaucoup crurent que le grand soir était arrivé et que le monde allait chavirer sous les coups de l'avant-garde éclairée du prolétariat et de ses alliés intellectuels.
De cette tentative avortée de tuer dans l'œuf la société de consommation, il ne reste que de la nostalgie et des slogans qui font encore rêver aujourd'hui : sous les pavés la plage, il est interdit d'interdire, nous voulons vivre, aimez-vous les uns les autres, soyez réaliste demandez l'impossible, enragez-vous, cours camarade le vieux monde est derrière toi, à bas l'État, élections piège à cons, défense de ne pas afficher, je suis marxiste tendance Groucho,...
Quand je vois que nos politiciens continuent à commémorer les souvenirs guerriers du 11 novembre 1918 et du 8 mai 1945 et qu'aucun n'a eu le courage de proposer une grande fête de l'imagination populaire pour commémorer mai 68, même pas l'audacieux Lang !
Ils sont aujourd'hui proches de la soixantaine nos anciens soixante-huitards. Quand vous en croisez un dans la vie, vous constatez qu'il n'est pas incompatible d'avoir été jeune révolutionnaire et vieux con à la fois. C'est à désespérer du genre humain !
Citations. L'année 1968, je la salue avec satisfaction (vœux du président Charles de Gaulle, le 31 décembre 1967).