Qui a une vision dualiste du monde : le bien et le mal, le blanc et le noir, l’homme et la femme, le coupable et l’innocent, le Diable et le bon Dieu, Sœur Emmanuelle et Ben Laden,… Très tendance. Citations. [1] Oui ou non, assistons-nous à un choc de civilisations (question de médiaticien). [2] Approuvez-vous le projet de loi qui autorise la ratification du traité établissant une Constitution pour l’Europe (question de referendum). [3] Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée (Alfred de Musset). [4] L’Amérique doit choisir entre Bush et moi (George W. Bush). Contraire. Systémicien, complexéen.

1. (Économique) Alors que le marché de la crémation flambe et que les cendres sont stockées dans des urnes ou dispersées au vent, bien évidemment le secteur de la marbrerie souffre : finies les dépenses somptuaires en marbre pour les tombes (et le dépôt annuel de chrysanthèmes). Comme quoi le malheur des uns (la mort du défunt) fait le bonheur des autres (les crématoriums) qui fait le malheur d’autres encore (les marbriers et chrysanthèmiers). C’est l’effet domino.

2. VISAGE DE MARBRE. (Médiatique) Comme celui du présentateur du journal télévisé lorsqu’il réapparaît après un reportage. Qu’on vienne de voir un attentat meurtrier, un mariage princier, des enfants décharnés ou la victoire des bleus, pas un sentiment, pas une expression sur ce visage immatériel. Du marbre à l’état pur ! Le top du marbre actuellement sur vos petits écrans : Elise Lucet.

3. GRAVÉ DANS LE MARBRE. (Politique) Figé pour l’éternité, comme la constitution européenne si elle avait été adoptée en 2005. Ainsi, sont gravés dans le marbre : les engagements du gouvernement (je l’affirme parce que c’est un engagement du gouvernement : EDF et Gaz de France ne seront pas privatisés, déclarait Nicolas Sarkozy à l’Assemblée nationale deux ans seulement avant la privatisation de GDF), les textes parlementaires (la consultation préalable des partenaires sociaux, inscrite dans le préambule de la loi Fillon de 2004 que Dominique de Villepin avait omis de lire quand il a décrété seul le CPE), les lois de la République (la longue litanie des lois votées et jamais appliquées), la constitution de la cinquième République (amendée 15 fois depuis sa promulgation, de plus en plus pour s’adapter aux directives de Bruxelles),… Y a des baffes qui se perdent.

(Politique) Espace disponible pour agir dans un sens ou dans un autre. La marge de manœuvre est toujours très étroite et c’est à une véritable course à son élargissement que se livrent les politiciens de tous bords. Car comment faire de la politique sans marges. C’est pourtant la situation normale depuis plusieurs décennies et tout se ligue pour rogner les marges de manœuvre : l’Europe (avec ses règlements, ses directives et ses nouveaux entrants qui viennent voler les subventions des français), la croissance (qui joue au yo-yo), la mondialisation (une usine qui s’ouvre à Canton supprime deux cent emplois en Picardie), l’OMC (si t’achètes pas mes tee-shirts, je t’achète pas tes Airbus), le modèle social français (cher, très cher !), le chômage (élevé, très élevé !), la dette (quand on aime on compte pas, mais d’autres comptent pour nous), la fiscalité (et si on créait un impôt de solidarité sur l’impôt ?), les français (qui veulent le beurre et l’argent du beurre). Et comme c’est perdu d’avance, les politiciens manœuvrent la marge en nous faisant croire des choses invraisemblables que personne ne croit : que l’année prochaine va voir une réduction drastique du chômage, que le taux de croissance va exploser (toujours l’année prochaine), qu’une partie du budget de l’État a quitté le budget (ça s’appelle la débudgétisation), que la France est un grand pays qui n’admettra pas que, ne tolèrera pas que, prendra des mesures pour… Des cons, ils nous prennent pour des cons. Contraire. On est coincé (peu usité mais très pratiqué).

1. Signe servant à distinguer les produits ou les services d'une entreprise de ceux d'une autre entreprise. L’impitoyable lutte contre les contrefaçons (l’acheteur s’expose à la confiscation du bien et à une amende de trois fois sa valeur, honte à la loi !) exige que chaque citoyen connaisse tous les sigles, noms, logos… des 1 040 000 marques en vigueur sur le territoire français. Car nul n’est sensé ignorer les marques. Citation. Maman, c koi ces chooses de looser que tu m’as acheté. Sans marque ? mais c’est relou de chez relou. (commentaire de tête blonde à la rentrée des classes) ?

2. (Futurible) Pour que nul ne les ignore réellement, l’État va distribuer à chaque foyer un exemplaire des cent marques les plus contrefaites (3 cases à cocher dans votre déclaration d’impôt : textile-habillement, bagagerie, maroquinerie et accessoires, lunetterie, horlogerie, parfumerie, articles de sport, jeux et jouets). Pour une fois enfin, l’État va offrir des cadeaux et la contrefaçon créer des emplois dans l’industrie du luxe ! Attention, il s’agit d’une offre soumise à condition, avec obligation d’achat.

3. PAS DE MARQUE. (Médiatique) Expression refuge du médiaticien dès qu’un invité a prononcé le nom d’une marque. Alors, on parle du grand quotidien national du soir (Le Monde pardi !), d’une enseigne de la grande distribution originaire du Nord (Auchan),… Et quand le médiaticien est contraint et forcé d’avouer le nom de la marque, parce que la gymnastique des métaphores a ses limites, il ajoute dans la foulée : pour ne pas la citer (sic). La meilleure façon de s’autoriser une publicité clandestine, libre et gratuite, dans les médias, c’est d’avoir un nom de marque devenu langage courant (sortez vos Kleenex, Scotch, Post-it et Sopalin), de baptiser une marque avec un nom commun (salut les Président, Espace, Signal, Champion, Lotus) ou encore de devenir la coqueluche des politiciens (Mamouth à dégraisser, nettoyage des quartiers au Karcher…). Seul le petit monde des médias et du show-biz, pourtant très businessogène, a un droit de tirage gratuit et illimité pas du tout clandestin : la revue des titres de presse non floutée, la première de couv’ d’un nouveau magazine lancé sur le marché, le Yamaha rayonnant sur l’instrument de l’artiste, la sortie du dernier CD déjà dans les bacs de la star à écouter sans modération, le film qu’il ne faut pas rater, le bouquin du petit copain journaliste qui fait un malheur… sont montrés et annoncés à grand bruit médiatique. C’est pas de la pub mais de la culture. Mon œil ! Comme si business & profit ne veillaient pas derrière tout ça. La plus clandestine de toutes les publicités, à caractère permanent, jamais citée jamais poursuivie, concerne la mort : selon un sondage FLOP, 92% des informations diffusées dans tous les journaux d’information du monde font la promotion de la mort. Du jamais vu.

(Médiatique) Les français ont dit massivement non au referendum à 55%, les français ont massivement voté pour la droite qui recueille 55% des voix. C’est quoi massivement à 55% ? C’est très simple. Invitez vingt de vos amis à prendre un pot chez vous, tracez une ligne sur le sol de votre salon : à gauche ceux qui veulent prendre un apéro bien tassé, à droite ceux qui ne boivent que des jus de fruit. Si onze personnes choissent la partie gauche de votre salon et seulement neuf la droite, alors vos amis sont massivement alcooliques à 55%. Un sur vingt et ça bascule dans l’horreur !